mercredi 20 juillet 2011

La chute de cheval de Jérôme Garcin

Critique de La chute de cheval de Jérôme Garcin


Résumé :
Quatrième de couverture : « Mon père est mort d’une chute de cheval le samedi 21 avril 1973, veille de Pâques, dans l’insoucieuse et très civilisée forêt de Rambouillet. Il avait quarante-cinq ans, j’allais en avoir dix-sept. Nous ne vieillirons pas ensembles. »
Longtemps après l’accident, Jérôme Garcin sacrifie lui aussi à cette passion pour le cheval qui coûta la vie à son père, éditeur et critique.
Dans un récit où il place l’art équestre à la hauteur d’un exercice de style et établit de nombreuses correspondances entre la Haute Ecole et la littérature, il décrit ses bonheurs de cavalier buissonnier au cœur du pays d’Auge, ressuscite la figure hugolienne de François Baucher, portraiture son ami Bartabas, visite  le légendaire Cadre Noir de Saumur, relit avec la même émotion les traités d’écuyers et Milady, de Paul Morand, trouve dans l’œuvre de Géricault – mort à trente-trois ans après une chute de cheval -  l’écho de ses propres emballements, et fait un persistant éloge de la fuite. Au galop. Prix Roger-Nimier 1998.
La chute de cheval décrit l’accomplissement d’un amour impossible. La mort de Philippe Garcin, le père de Jérôme Garcin survient alors que ce dernier commence tout juste à devenir un adulte. Cette mort prématurée sera entourée d’un halo de mystère puisque l’homme fut retrouvé à terre sans connaissance, son cheval Quinquina broutant près de lui.
L’auteur se construit peu à peu et se découvre un intérêt profond pour la littérature, mais ce n’est pas la seule passion qu’auront en commun le père et le fils. Jérôme Garcin commence à monter à cheval, d’abord timidement jusqu’à ce que la passion le prenne à la gorge et qu’il y consacre lui aussi presque toute sa vie.
Le père décédé devient alors sous la plume de son fils, comme un Molière cavalier qui clôtura par sa chute, l’ultime œuvre de sa vie.

Mon avis :
J’ai lu cet ouvrage alors que j’étais en stage dans une écurie. C’est donc dans la poussière des box et près des pelles à crottin que j’ai tourné les pages. Au fil des lignes chaque mot m’apparaissait comme une évidence. Les sensations sont retranscrites avec  une virtuosité que l’on devine être la conséquence de longs moments passés avec les chevaux. En tant que cavalière, je me suis identifiée très souvent à l’auteur. Je me suis parfois dit que ces émotions que j’avais si souvent ressenties sans pouvoir les cerner étaient couchées là sur le papier, simplement.
Avec ce livre, il est facile de cerner le sens du mot hippomanie, un amour immodéré du cheval et de la pratique équestre. L’homme de cheval porte en lui une addiction. Malgré la peur, les échecs, la frustration, malgré la mort même, l’homme de cheval, comme porté par une pulsion inconnue va continuer à marcher sur le chemin qu’il s’est tracé.
Philippe Garcin était un de ces hommes et c’est un hommage vibrant que lui porte ici son fils. La figure paternelle devient presque à travers le texte, une image idéalisée, un miroir.
L’auteur dresse également les portraits de nombreuses autres personnalités équestres de François Baucher jusqu’à Bartabas et là encore le tout s’harmonise et sonne juste jusqu’à apparaître comme une vérité. Car à l’inverse des milieux mondains littéraires, le monde du cheval est un monde de gens vrais.
On croise également au fil des pages des descriptions touchantes de chevaux. Ces derniers sont décrits comme des humains améliorés, dénués de toute hypocrisie. En effet, ce que nous fait comprendre Jérôme Garcin avec La chute de cheval, c’est surtout que le cavalier et sa monture sont les faces indissociables d’une même médaille et je finirais avec cette citation de Bartabas tirée de son film Mazeppa : « Regarde  un cavalier sans son cheval, il lui manque la moitié de son sang. »

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  • Hippomanie de Jean-Louis Gouraud
  • Milady suivi de Monsieur Zéro de Paul Morand
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1 commentaire:

  1. « Mon père est mort d’une chute de cheval le samedi 21 avril 1973, veille de Pâques, dans l’insoucieuse et très civilisée forêt de Rambouillet. Il avait quarante-cinq ans, j’allais en avoir dix-sept. Nous ne vieillirons pas ensembles. »
    Cette phrase m'a frappée lorsque j'ai lu la 1ère de couverture, la première fois. C'est elle qui m'a donné envie de lire ce roman :)

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