jeudi 19 juillet 2012

Contes de Perrault

Critique des Contes de Perrault

Résumé :
Quatrième de couverture : "Il était une fois un roi et une reine...", "il était une fois une petite fille de village..." Il suffit de cette clé magique pour que s'ouvre à nous le monde où paraissent tour à tour la belle au bois dormant, le petit chaperon rouge, la Barbe bleue ou Cendrillon. Perrault puise dans le folklore ancien pour nous conter dans des récits courts et alertes des histoires qui nous éloignent délicieusement du monde, avant que la morale finale nous y reconduise. Des contes de fées? Sans doute. Mais, autant que le merveilleux, ce qui nous enchante, c'est le naturel et la savante simplicité d'un art d'écrire qui, à chaque page, séduit notre imagination.
D'abord parus séparément en 1694 et 1697, ce n'est qu'à la fin du XVIIIème siècle que les contes en vers et en prose seront réunis en un même volume, signe que l'engouement qu'ils avaient suscité du vivant de Perrault ne se démentait pas, en dépit du jugement sévère des gens de lettres, à l'époque des Lumières, pour ces puériles bagatelles. Mais le public le plus large demeurait fidèle à ces contes - et ce public, c'est aujourd'hui nous dont l'esprit d'enfance ne s'est pas perdu.
Le petit chaperon rouge, barbe bleue, le petit Poucet ou encore le chat botté, autant de noms qui éveillent naturellement tout un imaginaire fantastique de rêves ou de cauchemars. Certains contes nous sont plus familiers que d'autres, parfois ils évoquent des souvenirs personnels ou des rituels du soir avec les veillées en famille : chacun a sa propre relation aux contes. Ceux de Perrault sont courts et vont à l'essentiel, ils contiennent souvent une morale dont le sens ne s'offre pas toujours à la première lecture. Enfin ils s'adressent à tous car chacun peut en extraire un sens!

Mon avis :
Il existe tellement d'adaptations sur différents supports des contes de Perrault qu'il est parfois intéressant de revenir aux textes originaux. C'est dans cette démarche de redécouverte de ces petits classiques intemporels que j'ai commencé la lecture de ce recueil. En tout cas c'était une entreprise très intéressante et j'ai été surprise par la forme de certains contes qu'ils soient en vers ou en prose très concentrée.
Perrault est un grand homme du XVIIème siècle qui a notamment joué un rôle très important aux côtés des modernes lors de la Querelle des Anciens et des Modernes ce qui l'opposa entre autre à des auteurs comme Boileau. Il a également siégé à l'Académie. Comment se fait-il alors que la postérité ne reconnaisse aujourd'hui que les contes de cet homme de lettres important? De fait, Perrault s'est illustré dans de nombreux autres genres comme l'ode ou encore le dialogue mais comparé aux contes, ces textes apparaissent comme tombés dans l'oubli.
Grâce à la lecture de ces contes je me suis posé la question de l'importance des traditions orales en littérature. On remarque d'emblée que certains contes sont en vers or le travail des rimes et des rythmes permet largement de favoriser la mémorisation d'un texte. Ceci nous rappelle combien à l'époque la transmission orales des histoires et des fables était importante d'ailleurs la lecture a longtemps été une activité pratiquée en commun. On racontait des contes lors de veillées villageoise comme on lisait des correspondances ou encore du théâtre dans les salons mondains. La lecture est devenue une activité solitaire et silencieuse que très tardivement dans l'histoire de la littérature. Ces contes, avec leur forme taillée sur mesure pour un échange oral, nous posent la question de l'évolution des pratiques de lecture en histoire littéraire.
Mais cette tradition d'oralité fait émerger un autre problème : celui de la paternité des oeuvres. Dans la mesure où Perrault reprend largement des trames d'intrigues et des personnages déjà présents dans certains folklores, peut-on vraiment lui accorder une paternité totale pour ses contes? Ses larges emprunts ont en effet engagé certains à parler d'adaptation plus que de création pure et effectivement, il est difficile de trancher.
Je me suis également demandée si l'intérêt de ces historiettes était uniquement didactique. La présence systématique d'une morale nous pousse à envisager les contes comme des vecteurs d'apprentissage. Cependant, ils possèdent un autre attrait : le plaisir de partager un moment privilégié lorsqu'il s'agit de lectures publiques ou encore tout simplement le plaisir du divertissement. Le conte à la fois didactique et plaisant s'adresse donc à un public large et diversifié.
Plaisir du divertissement oui, mais le conte est-il pour autant à classer du côté des genres mineurs? À l'époque, la lecture de récits fictifs comme les contes ou les romans était considérée comme une activité frivole et dangereuse pouvant même altérer la pureté des jeunes filles. Il semblerait que Perrault essaie avec ses contes de redonner une certaine noblesse à ce genre décrié. Loin des intrigues romanesques et alambiquées, l'auteur revient à une grande simplicité : les péripéties sont réduites et le tout est concentré à l'extrême dans la recherche de l'essentiel. Ensuite, il appartient à chacun de rajouter des épisodes et de s'approprier le récit lorsqu'il s'agira de le transmettre oralement.
J'ai apprécié me replonger dans cet univers de contes peuplé de personnages familiers. C'est là toute la magie de ce monde tantôt enfantin tantôt impitoyable. Les personnages représentent des types humains très schématiques : le bon, le méchant, le jaloux ou le peureux - et s'ils sont souvent désignés par leur condition, "un roi", "une paysanne" ou encore "une belle princesse" c'est peut-être pour faciliter l'identification de l'auditeur ou du lecteur. Dans tous les cas, il est crucial de continuer à se raconter des histoires, à transmettre des récits qui viendront traverser les générations pour venir capter l'attention des oreilles attentives.
Il faut également réenchanter le monde : le regarder avec des yeux d'enfants pour découvrir que ces contes narrent le passé, le présent et certainement l'avenir, ils racontent l'ici et l'ailleurs, ils sont intemporels.

Du même auteur :
  • Parallèle des Anciens et des Modernes
  • Le Siècle de Louis Le Grand
Vous aimerez peut-être :
  • Contes d'Andersen
  • Contes de Grimm
  • Fables de La Fontaine

5 commentaires:

  1. Ce fut un réel plaisir que de discuter avec toi lors de la rencontre parce que tu t'es posé des questions très intéressantes et tu m'as appris beaucoup de choses (comme bien souvent d'ailleurs héhé :p)
    Bisous ma belle :)

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    1. Oh merci, c'est très gentil! C'est toujours un plaisir d'échanger sur la littérature!

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    2. trop beau ton paysage!

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  2. J'aime beaucoup les contes en générale et j'ai lu d'ailleurs psychologie des contes quelque chose dans ce genre là qui est vraiment très bien aussi. Une manière d'approfondir ce sujet. Mais les contes traversent le temps et je suis bien d'accord avec toi ! J'adore !

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  3. ets - ce quel est réellement bleu sa barbe?

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