lundi 4 juillet 2016

Les Antimodernes d'Antoine Compagnon

Critique des Antimodernes de Joseph de Maistre à Roland Barthes d'Antoine Compagnon



Résumé :
Quatrième de couverture : Qui sont les antimodernes? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, les pompiers, les réactionnaires, mais les modernes à contrecœur, malgré eux, à leur corps défendant, rétifs au modernisme naïf et zélateur du progrès.
Quelques grands thèmes - dégagés à partir de la lecture de Joseph de Maistre, Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de l'autre Proust, Caillois ou Cioran - caractérisent le courant antimoderne aux XIXe et XXe siècles : historique, la contre-révolution ; philosophique, les anti-Lumières ; moral, le pessimisme ; religieux, le péché originel ; esthétique, le sublime ; et stylistique, la vitupération.
Antoine Compagnon examine quelques configurations antimodernes majeures : Lacordaire, Léon Bloy, Péguy, Albert Thibaudet et Julien Benda, Julien Gracq et, enfin, Roland Barthes, "à l'arrière-garde de l'avant-garde", comme il aimait se situer.
Les antimodernes ont été le sel de la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux modernes : ils ont été les modernes plus la liberté.
Par la dénomination d'antimoderne, Antoine Compagnon essaie de qualifier un profil particulier d'écrivains du XIXe et du XXe siècles à partir de Joseph de Maistre. Il n'entend pas par "antimoderne" quelqu'un qui s'oppose à la modernité ou tend à la récuser, à la rejeter. Au contraire l'antimoderne doit avoir goûté à la modernité, y avoir cru mais s'en être détaché ou entretenir un rapport ambivalent avec elle. Par conséquent, l'antimoderne peut relever de profils très hétéroclites, ce qui explique la diversité et la multiplicité des auteurs convoqués par Antoine Compagnon dans l'ouvrage : Joseph de Maistre, Baudelaire, Péguy, Thibaudet ou encore Jean Paulhan, Julien Benda et Julien Gracq, autant d'écrivains très différents.
La première partie de l'essai intitulée "les idées" donne quelques traits caractéristiques, selon l'auteur, des antimodernes. Ils sont opératoires à des plans divers (religieux, esthétique, stylistique...). La seconde partie, plus longue, est intitulée quant à elle "les hommes" et se subdivise en chapitres consacrés à un ou plusieurs auteurs jugés antimodernes. Les portraits se distinguent par une attention importante consacrée à l'homme, à son ancrage social et politique dans la société ainsi qu'à son rapport avec les institutions littéraires. Les citations fréquentes permettent au lecteur de juger "sur pièces" et de confronter, au fil de la lecture, les différents profils pour tenter de lier ces écrivains les uns aux autres.